« Les volontaires du Bataillon français de Corée : profils et engagements » 

Laurent Quisefit,

Dr, Chercheur associé au Centre Corée de l’EHESS (UMR 8173, Chine-Corée-Japon)[1]


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Le bataillon français de l’ONU ou BF/ONU[2], fut probablement l’unité non la plus décorée de l’armée des Nations-Unies. Titulaire de deux citations présidentielles coréennes, de cinq citations françaises, de deux Distinguished Unit Citations américaines, le BF/ONU se distingue particulièrement au cours de ses trois années de séjour en Corée. Comment expliquer cet étonnant palmarès[3] pour un simple bataillon intégré à un régiment d’infanterie américain ? Le secret de cette remarquable réussite tient sans doute au recrutement de ses membres, tous volontaires, fusion réussie entre active et réserves, malgré des conditions de recrutement tout à fait exceptionnelles.

 

  • Contexte

Lorsque la guerre éclate en Corée le 25 juin 1950, la France est lourdement engagée en Indochine (environ 95 000 hommes), au moment même où l’ambitieux programme de réarmement destiné à porter l’armée française à onze divisions commence, afin d’éviter, si possible, la renaissance de l’armée allemande. Cette situation handicape amplement la mise au service de l’ONU de troupes conséquentes, pour des raisons budgétaires autant que politiques.

Si la France détache un aviso colonial d’Indochine, à l’initiative de Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Pleven, soucieux de donner des assurances de l’appui de la France à l’allié américain autant que de respecter ses engagements envers l’ONU, la France est grandement desservie par son instabilité politique[4], et réagit avec un peu de retard aux sollicitations d’outre-Atlantique.

Cédant aux demandes étasuniennes, les responsables français vont finalement accepter l’envoi d’un bataillon de volontaires, bientôt appelé Bataillon français de l’ONU, ou BF/ONU. Celui-ci, en raison du manque d’effectifs disponibles, sera constitué de personnels d’active et de réserve, seul moyen trouvé pour compenser la distraction d’effectifs d’active vers ce théâtre d’opérations périphérique, éloigné des préoccupations françaises, mais sur lequel la présence de l’armée française, fût-ce de manière symbolique, s’avère nécessaire afin que la France maintienne son rang international. Il s’agit aussi de fournir aux Américains des gages quant à la solidité d’une armée française dont la réputation est encore entachée par la défaite de 1940. L’obtention de l’aide américaine en Indochine, celle nécessaire au réarmement en Europe, sont à ce prix, Robert Schuman et Jean Létourneau, le ministre des Etats-Associés, ont parfaitement compris les enjeux de l’envoi en Corée de cette unité.

Le ministre de la Défense, Jules Moch, d’abord assez réticent à l’envoi de troupes en Corée, se range finalement aux arguments du Premier ministre et des autres collègues. Mais le BF/ONU va dépasser le rôle d’habitude dévolu à un simple bataillon. Sa solidité, sa pugnacité, en feront un outil militaire efficace, apprécié des Américains avec lesquels il combat. En ce sens, l’histoire du bataillon français offre un cas rare, unique dans l’histoire des « réserves ».

  • La création du bataillon Français

Le 22 août 1950, alors que les unités sud-coréennes et étasuniennes défendent encore le périmètre de Pusan, la décision d’envoyer des forces terrestres françaises est prise, au cours du Conseil des ministres :

« Sur la proposition de M. SCHUMAN et après les interventions de MM. PLEVEN, J. MOCH, et GUY MOLLET, le Conseil décide de répondre à l’appel adressé au nom du Conseil de Sécurité par M. Trygve Lie et de mettre un bataillon de marche[5] à la disposition du commandement unifié des Nations Unies en Corée ; il approuve les termes de la lettre du gouvernement français faisant part de cette décision au Secrétaire général de l’ONU. »[6]

Ainsi, le 26 août 1950[7], la presse et la radio diffusent un communiqué officiel annonçant que le gouvernement français a décidé de créer un bataillon composé de volontaires, qui sera mis à la disposition de l’ONU et invite les militaires intéressés « à se présenter soit à leur Direction centrale du recrutement, soit à un corps de troupe, soit à la brigade de Gendarmerie de leur résidence », lesquels leur fourniront tous les renseignements nécessaires.

Ce même communiqué énonce une partie des conditions requises, notamment d’âge, (être âgé de 23 ans au moins et de 30 ans au plus) et surtout l’obligation d’avoir effectué son service national, ainsi que les modalités particulières concernant les sous-officiers et officiers de réserve[8].

Un télégramme du secrétariat d’État aux Forces armées avise ainsi le commandement français au Maroc de la constitution d’un bataillon français :

« Gouvernement Français a pris décision envoyer en corée. un BTN infanterie stop CE BTN Sera constitué a auvours a partir du 1° septembre 1950 STOP il prendra appellation 1° btn Français de l’ONU ET SERA MIS SUR PIED SUR LE TYPE BTN NORMAL D’infanterie U.S.A. stop il sera administre par le C.R.I.O.T. n°3 d’auvours et erige en corps de troupe au moment de son embarquement stop. Ce BTN sera compose uniquement de volontaires aptes a servir aux T.O.E. Provenant des militaires de carrière et des reserves. stop »[9]

Convoqués au camp d’Auvours, dans la Sarthe, les volontaires sont étudiés, jaugés, testés. « Priorité est donnée aux militaires ayant déjà fait campagne » selon la formule de « l’Additif à la décision n° 11.990 SEFAG/CAB/EMP/OE », en date du 23 août 1950, du Secrétariat d’État aux Forces Armées « Guerre ». Ces réservistes ayant déjà fait campagne, ne manquent d’ailleurs pas, cinq ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.

  • Modalités de recrutement

Curieusement, la limite d’âge des volontaires est étonnamment haute, puisque chez les hommes du rang issus de la réserve, la limite supérieure est établie à 45 ans, contre 24 à 34 ans chez les militaires d’active. De même, on notera, à titre de comparaison, que l’âge limite pour un capitaine d’active est fixé à 40 ans.

  Conditions de recrutement au Bataillon Français

 

Planche 1 p 4

 

Source : SHD, 7 U 290, et Olivier Maestrati, Le Bataillon français en Corée, p.62.

Si, dans certaines armées, cet âge relativement « avancé » poserait problème, les Français ont accepté d’incorporer des vétérans. Il paraît préférable d’avoir des hommes posés, des professionnels endurcis plutôt que des matamores romantiques, sortis de l’adolescence et risquant de vouloir résilier immédiatement leur engagement à la moindre difficulté, ou pire, de mal réagir au combat. Le destin de certaines unités américaines à l’été 1950, ou l’aventure américaine en Corée du Nord, en novembre et décembre de la même année, doit faire réfléchir au problème d’unités largement composées de recrues de 18-20 ans à peine, mal instruites, mal entraînées et jetées sans préparation dans la fournaise coréenne.

L’armée française déploie donc, au camp d’Auvours, sa magnifique diversité, caléidoscope d’uniformes et de couleurs :

« Bataillon de choc, Paras, Marsouins, Légion avaient donné à plein. Côté Réserves : Anciens Français Libres et de la Résistance, Évadés de France par l’Espagne, Anciens de l’Armée [d’Afrique], de la 2e D.B. et d’Indochine avaient fait de même »[10].

Le recours aux seuls volontaires de nationalité française limita les « étrangers » à une vingtaine de légionnaires d’origine allemande et espagnole ; une cinquantaine d’Algériens, citoyens français, se présentèrent aussi[11]. Les volontaires sont soumis à une visite médicale et à un entretien destiné à jauger les caractères. Les cadres privilégient les gens solides, motivés, entraînés, qui ont déjà prouvé leur valeur au combat. Ce sont quasiment tous des « professionnels ». Rares en effet sont ceux, qui n’ont pas déjà vu le feu, lors des différentes campagnes des armées françaises, avec les FFL, avec l’Armée d’Afrique, lors de la libération de la France[12], pendant la campagne d’Allemagne en 1945, ou encore ceux qui ont contracté des engagements en Indochine.  « Il y a de tout, des fantassins, des artilleurs, des cavaliers. On voit de tout, des chasseurs d’Afrique, des tirailleurs, des bérets de chasseurs alpins, des bérets de parachutistes, des calots de la coloniale » écrit le premier commandant du BF/ ONU [13]. On trouve même un volontaire venu des compagnies sahariennes. L’armée française, plurielle, est présente dans sa magnifique diversité et réalise une fusion harmonieuse entre réserves et active. « La proportion des militaires d’active et de réserve s’établit bientôt de la façon suivante : officiers, moitié, moitié ; sous-officiers, 70 % d’active, 30 % réserve, hommes de troupe, 10 % d’active, 90 % de réserve ».[14]

Selon un projet d’historique daté de 1953, le bataillon était composé de 45% de réservistes chez les officiers, la proportion s’établissant à 75 % chez les sous-officiers et à 100 % chez les hommes[15]. Il est possible que ces divergences coïncident avec le projet initial par rapport à la réalité des effectifs finalement recrutés. Seule la lecture systématique des dossiers nominatifs des volontaires du bataillon serait de nature à établir de manière définitive la proportion exacte des deux éléments combattants. Cependant, cette distinction entre réserve et active est assez artificielle, si l’on se souvient que certains de ces réservistes ont déjà connu l’épreuve du feu pendant la Seconde guerre mondiale, de sorte qu’ils sont déjà aguerris.

Le « 1er Bataillon français des Nations Unies » selon la dénomination officielle, « fut organisé, équipé et armé selon les normes américaines de façon à pouvoir s’intégrer de la meilleure façon dans le cadre de l’armée américaine[16]. Dès le commencement, le Bataillon apparaît « très riche en cadres : 39 officiers, 172 sous-officiers » [17]. En prévision des futures pertes par combat, accident ou maladie, sont également constitués une maintenance, destinée à fournir les premiers renforts, ainsi qu’un détachement de dépôt, destinés à alimenter le Bataillon en troupes fraîches après ses premiers engagements.

Au final, la proportion d’active est de 66 % (22 officiers, 118 sous-officiers, 559 hommes). Le reste est composé de réservistes sélectionnés, tous anciens combattants d’Indochine ou de la France d’Outremer, ayant contracté un engagement de deux ans, résiliable en cas de rapatriement avant la fin du contrat[18]. Le bataillon va ainsi s’illustrer en Corée avec des « vieux » militaires, des vétérans emplis pour la plupart d’une expérience consommée, qui tranchera avec la jeunesse et la candeur des soldats américains par exemple.

            Données récapitulatives concernant la création du BF / ONU

Planche 2 p 6

 

 

Sources : Archives du Ministère des Affaires Etrangères (MAE), Asie-Océanie, Corée, dossier n°63, ff. 211-212, « Note sur le bataillon français en Corée » janvier 1951 et les articles du général Barthélémy et du colonel Alexandre[19].

En prévision des futures pertes par combat, accident ou maladie, sont également constitués une maintenance, destinée à fournir les premiers renforts, ainsi qu’un détachement de dépôt, destiné à alimenter le Bataillon en troupes fraîches après ses premiers engagements. La moyenne d’âge est de 28 ans, ce qui en fait une troupe assez âgée, mais qui compense ce qui peut paraître un handicap par son expérience, sa compétence et sa maturité. Outre les spécialistes, les volontaires sont regroupés par affinités et culture communes dans les différentes compagnies du Bataillon. Ainsi la 1ère compagnie regroupe bientôt une forte proportion d’anciens de l’infanterie de marine, la 2ème compagnie reçoit la classique infanterie métropolitaine, la 3ème compagnie, enfin, rassemble les parachutistes et les légionnaires.

Il est pourtant nécessaire d’harmoniser cette unité entièrement nouvelle, qu’hommes et cadres fassent connaissance et apprennent à évoluer ensemble, que les chasseurs ralentissent le pas, que les légionnaires le pressent. Au-delà de la création des marques extérieures d’une nouvelle tradition, il s’agit de créer un esprit de corps, de bâtir une confiance mutuelle entre la troupe et ses chefs comme entre les volontaires. L’identité de l’idéal, l’engagement commun, les critiques de la presse de gauche ou la perspective de représenter la France au sein de l’armée de l’ONU sont autant de facteurs qui facilitent cette agrégation.

Après les critiques des journaux communistes contre les « mercenaires de MacArthur », et quelques bagarres avec des militants de gauche venus en découdre dans les bars autour du camp d’Auvours, la fusion des éléments disparates est en bonne voie.

  • Typologie

Les militaires français qui se sont portés volontaires pour la Corée sont issus de plusieurs parcours, que nous avons regroupés par catégorie. Ce sont essentiellement :

-1 : les militaires "professionnels" qui se sont portés "volontaires" au moment de la décision du gouvernement français de constituer un contingent de forces terrestres représentent au premier chef des cadres. Ces officiers, sous-officiers et hommes de troupe sont donc d'abord des militaires d’active, volontaires pour le combat, et motivés par leurs convictions patriotiques (la France a une revanche à prendre après l'humiliation de 1940[20] etc. ...) et souvent, anti-communistes. D’autres, comme le général Monclar, désirent participer à la grande idée que semble réaliser cette première armée des Nations-Unies. Il s’agit dans ce cas plus précisément de simples mutations et détachements.

On peut citer Joseph Legall, né le 23/06/1927, qui fut des maquis de Morbihan, du front de l’Atlantique et de l’Armée Rhin-Danube. Resté dans l’armée, il part en Indochine en 1947 et n’en revient qu’au début de 1950. Il se porte aussitôt volontaire pour le Bataillon de Corée. Rapatrié à la fin de son séjour, il quitte la Corée au début de 1952, et se rengage aussitôt, à nouveau pour la Corée, qu’il rejoint avant la fin de la même année. Il poursuivra ensuite ses campagnes, à nouveau en Indochine, puis en Algérie.[21]

- 2 : des « réservistes », le plus souvent vétérans de la Seconde guerre mondiale, parfois mal adaptés à la vie civile, qui veulent passer dans l’active, et qui trouvent là une occasion unique de retrouver l’armée. Il faut cependant noter que, contrairement à la situation qui s’installera au fil de la guerre froide, ces réservistes sont en réalité des « mobilisables », qui ne sont pas intégrés à un système de périodes militaires comportant entraînement physique et remise à niveau technique.

Roland Lauzeray, jeune résistant, intégra en 1944 une unité américaine, la 82e brigade de reconnaissance de la 2nd US Armored Div. et participa à la campagne de Belgique, pour entrer en Allemagne avec les Américains et pousser jusqu’à Aix La Chapelle. Il sera ensuite muté au 1er régiment de chasseurs parachutistes de l’Air (RCPA), au sein duquel il participe à la campagne des Vosges et aux combats d’Alsace. Démobilisé après la Seconde guerre mondiale, il se portera volontaire pour la Corée[22] mais retournera ensuite à la vie civile.

De même, André Lemoine (pseud.), ancien des FFL qui, supportant mal sa morne vie professionnelle, rêvait de vivre une dernière aventure exaltante car dangereuse.

Cela, bien sûr, ne doit pas occulter la présence de quelques idéalistes romantiques, avides d’aventures et d’horizons lointains, de chômeurs, et de peines de cœur à soigner.

Enfin, significatif est l’engagement de certains, tel un jeune paysan du nom de Bizeul, issus d’un milieu rural aux horizons limités qui, cédant au slogan du temps, voudra bien partir pour « voir du pays » et revenir riche de cette lumière éclatante d’outremer, ainsi que d’expériences exotiques[23].

Trois intégrations se sont en réalité succédées :

  • Première intégration : le camp d’Auvours : le passage de la sélection, l’entrainement en commun, et quelques rixes avec des militants de gauche désireux de défier ceux que l’on appelle dans la presse de gauche les « mercenaires de MacArthur ».
  • Seconde intégration : le « voyage initiatique » : un mois de mer jusqu’en Corée. De Marseille à Pusan, en passant par Suez, Djibouti, Ceylan, l’Indochine.
  • Enfin, les premiers combats, qui soudent définitivement les hommes, et organisent des amitiés et des solidarités durables, « cousant » les hommes ensemble pour reprendre le mot d’Ardant du Picq[24].

L’inaction en mer, malgré un peu de culture physique, et une remarquée démonstration humoristique de boxe française dans le « style 1900 », organisée par l’un des officiers, ont permis aux hommes de faire connaissance plus profondément et de confirmer les impressions d’Auvours. Le bataillon de marche a commencé à se cimenter.

« Le voyage sur l’Athos II a soudé les rapports. La majorité avait déjà l’expérience de la guerre. Les réservistes sont différents des appelés. Ils avaient déjà l’expérience de la guerre. Ils avaient 24-25 ans, ils étaient plus mûrs, plus posés, les rapports étaient plus faciles. Les relations étaient plus profondes… » [25]

 

L’identité de l’idéal, l’engagement commun, les critiques de la presse de gauche ou la perspective de représenter la France au sein de l’armée de l’ONU facilitent cette agrégation. Entre volontaires déjà expérimentés, dont bien peu n’ont pas connu le feu, la compréhension est plus aisée. Personne n’est là « par hasard », et tous partagent le même idéal, sans brèche idéologique.

« En Algérie, il y a eu des problèmes avec les appelés. Ils ne tiennent pas la longueur, et mettent du temps à créer la cohésion », comparait un officier. Au contraire, avec les volontaires du « Bataillon Monclar », comme est parfois surnommé le Bataillon formé par les premiers volontaires, l’atmosphère initiale, c’était une « ambiance formidable » [26], renforcée par le privilège d’appartenir à une forme de « club privé », cercle restreint représentant la France au sein de l’armée des Nations Unies, et qui seront bientôt les premiers Français à combattre l’armée communiste chinoise.

La crise du recrutement qui se manifeste à partir du printemps 1951[27], au moment où les ponctions opérées à destination de l’Indochine ont drainé une partie du dépôt du BF / ONU et gêné l’acheminement des détachements de renforts pour la Corée est telle que, sauf rengagement de réservistes déjà présents au premier bataillon ─ et plusieurs rempileront pour la Corée[28]─, seuls des militaires d’active, volontaires pour l’Extrême-Orient, seront désormais envoyés en Corée.

Stanislas Salisz, entré dans les mines dès l’adolescence et ne supportant pas cette vie, quitte le foyer familial. A 19 ans, encore mineur, il « fait un engagement volontaire pour trois ans », à l’intendance militaire d’Arras. Le 21 juillet 1950, il est au centre d’instruction coloniale de l’armée blindée. Affecté en Allemagne, il est désigné pour aller en Extrême-Orient le 20 août 1951, et affecté au GITCM de Fréjus, volontaire pour servir en Corée, où il participera aux combats d’Arrow Head. Le désir d’échapper à un père brutal, de s’évader du dur travail de la mine ont joué[29]. L’armée a aussi été un havre et une école pour plusieurs volontaires issus de l’assistance publique, comme le sous-officier Besamat ou encore Michel Ozwald, qui se porteront volontaires pour la Corée. Chez Besamat, l’idée est d’effectuer un second séjour en Indochine, ce qui lui sera refusé, car il est instructeur de parachutisme. Il contourne l’interdiction en signant pour la Corée. Pour ceux qui, imaginaire colonial aidant, rêvaient de palmiers, de palétuviers roses[30], de pagodes et de congaï, il y aura certes des rizières, gelées en hiver, et les pitons abrupts et nus de la Corée, comme cela avait été le cas en 1951 pour leurs glorieux devanciers.  « On est parti en équipement d’été, avec le casque colonial. Formidable en Mer Rouge. Au Nord de Manille, ça a commencé à se gâter. On se gelait les cacahouètes, ce n’était pas agréable.  L’intendance américaine arrangera ça par la suite »[31].

Pour d’autres, comme Roger Léger, c’est le chômage qui le conduit à l’armée. Volontaire pour l’Extrême-Orient, c’est-à-dire d’abord pour l’Indochine, il sera désigné pour servir en Corée…

  • Parcours personnels.

La loi sur les archives personnelles étant très restrictive, il n’est pas possible de consulter les dossiers personnels des volontaires du bataillon pour vérifier systématiquement la situation militaire (active ou réserve) de chacun[32], ni de dresser un état précis des rengagements. La liste des volontaires du Bataillon français tombés au champ d’honneur présentée sur le site de l’association des Anciens (ANAAFF/ONU)[33], bien qu’encore très lacunaire quant aux données personnelles[34], permet de donner quelques exemples représentatifs de réservistes expérimentés.

Parmi ces volontaires, nombreux sont ceux qui ont participé aux dernières campagnes de la Seconde guerre mondiale à l’instar, par exemple, du 2e classe Francis Clodic (1924-1951), titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la médaille des évadés, ou de cet autre 2e classe, Michel Angenot, (1926-1952), titulaire d’une citation et de trois décorations, qui avait participé à la campagne de France, à celle d’Allemagne, et même effectué un séjour en Indochine.

    

     En outre, certains sont des combattants d’exception, tels que le 1ère classe Philippe Collemant (1923-1952), tué à l’ennemi lors des âpres combats d’Arrow Head où son avant-poste est submergé par la marée chinoise et la section de pionniers, anéantie. Il avait participé à la libération de l’Alsace et à la campagne d’Allemagne (1945) avant de s’embarquer pour l’Indochine (1945/1946). Après un retour à la vie civile, il s’était porté volontaire pour la Corée ; arrivé en avril 1952, il avait obtenu trois citations.[35]

    

On note aussi la présence de plusieurs Nord-africains, comme le 2e classe Smaine Boukhetache. Natif de Zenora-Rali / Oran, lui aussi mort au champ d’honneur à Arrow Head le 7 octobre 1952 ; il avait participé aux campagnes de France, d’Italie et d’Allemagne et se trouvait titulaire de plusieurs citations et récompenses.

Dans son livre de souvenirs publié alors que le conflit coréen n’est pas encore achevé, André Lemoine (pseud.) avait ainsi expliqué son parcours : « (…) Je n’aime pas la guerre ; je ne suis pas de la race des héros et encore moins de celle des fanatiques, mais j’étouffais dans la boutique et je me disais parfois que, tout compte fait, les plus belles heures de mon existence avaient été à Dunkerque, à Bir Hakeim, en Tunisie, en Italie… » [36].

Michel Rossi a expliqué comment, rengagé après son service militaire, et devenu sergent des Forces Françaises en Allemagne, il a répondu à l’appel du bataillon. Enfant, il avait connu l’occupation et la guerre, cette sorte de tension quotidienne et impalpable, aussi exaltante que pénible à vivre parfois dans l’appréhension de l’action[37].

Au-delà de l’aventure, de l’exotisme, du chagrin d’amour et de quelques rares bagarreurs forcés de rempiler pour s’amender, les motivations de ces « réserves » s’organisent autour d’idées simples. Pour les uns, il faut rembourser la dette contractée envers les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, et sauver un petit pays agressé par un puissant voisin. L’anticommunisme n’est pas la seule motivation. Chez certains officiers, participer à l’armée des Nations Unies qui semble en gestation, et organiser une « force de police internationale » semble une aventure exaltante, propre à bâtir un monde définitivement débarrassé de la guerre. [38]. Et puis, il y a les effets de camaraderie, de solidarité, qui poussent à suivre les « copains » dans une dernière aventure au bout du monde. Certains ont même abandonné de belles situations, un officier citait même le cas d’un chef d’entreprise qui s’était porté volontaire pour la Corée, abandonnant une place confortable pour s’exposer au feu et se remettre en question.

Conclusion

L’un des ironies de l’histoire du bataillon de Corée, tient au fait certains militaires d’active, engagés au lendemain de la Guerre Mondiale[39], étaient moins aguerris que nombre de réservistes, attendu que la priorité avait été donnée, on l’a dit, aux volontaires ayant déjà fait campagne. Ce n’est donc pas le moindre des paradoxes, que ce bataillon dans lequel les militaires d’active, y compris les cadres, furent parfois amenés à commander des « réservistes » beaucoup plus expérimentés qu’eux, puisque 90 % des hommes de troupes étaient issus des pseudo « réserves ».

Cependant, le vocabulaire employé fait ici défaut, puisqu’il s’agit en réalité du rengagement de militaires démobilisés ou retournés à la vie civile après plusieurs années de dures campagnes. Ces hommes se sont engagés pour une durée particulière ¾ à l’origine, le temps des opérations en Corée ¾, et normalement, spécifiquement destiné à servir en Corée, à l’exclusion d’un autre théâtre d’opérations, même si l’on jouera au gré des besoins, sur les mots, afin d’envoyer en Corée des « volontaires pour l’Extrême-Orient », et réciproquement, notamment en 1952. D’autre part, en ce qui concerne les volontaires de 1950, on pourrait presque parler de « militaires en suspension d’activité » reprenant du service actif, pour bien prendre en compte la réalité de l’expérience et de la compétence des volontaires du BF/ONU.

Au vrai, l’encadrement trouva largement son compte dans le commandement de ces « briscards ». Non seulement l’intégration fut exemplaire, mais encore, l’expérience aidant, les réservistes connaissaient parfaitement leurs missions, de sorte que finalement, les cadres n’avaient pas à surveiller et à houspiller les « bleus » en permanence…  Pourtant, il faut noter le paradoxe des jeunes cadres volontaires, comme Rossi, sans expérience directe de la guerre, qui devaient parfois commander des combattants déjà très aguerris.

Les Français qui arrivent en Corée à la fin de novembre 1950 étonnent les Américains par leur décontraction, leur profond désir de voir le feu, leur manque de complexes. « Où sont les Chinois ? », demandent-ils aux GI, au moment où l’offensive de l’Armée des « volontaires chinois » a conduit les forces de l’ONU à abandonner Séoul, et que les forces étasuniennes, sévèrement étrillées, sont passablement démoralisées.

Le Bataillon, unité de marche par essence composé d’éléments composites, par l’exercice autant que par des rixes contre les ouvriers ou étudiants de gauche rencontrés dans les cafés autour du camp d’Auvours, et grâce à la pression des attaques communistes virulentes qui leurs sont particulièrement adressées par la presse, est parvenu à souder ses éléments autrefois disparates entre eux, de créer une culture particulière, un nécessaire esprit de corps. La constitution d’un bataillon de marche n’allait pas de soi, car une unité de ce type manque habituellement de l’esprit de corps d’une unité constituée, forte de traditions et d’une vie en commun. L’improvisation du bataillon français a ainsi été largement tempérée par l’expérience de la majorité des volontaires.

L’envoi d’une unité comme le bataillon français représentait malgré tout un risque, car il s’agissait d’envoyer au combat une unité totalement nouvelle, qui n’avait par conséquent pas encore fait ses preuves. Or, les alliés de la France allaient pendant l’affaire de Corée juger de son potentiel militaire à travers les performances de ce bataillon en Corée, et un comportement médiocre dans l’action risquait d’avoir les plus fâcheuses conséquences pour la réputation d’une armée française encore largement perçue à l’étranger comme la vaincue de 1940[40]. Heureusement, ces craintes, d’ailleurs jamais explicites, s’avérèrent infondées. Au contraire, « l’’emblème de guerre du bataillon français est le plus décoré de tous les emblèmes des troupes ayant participé au conflit » expliquait un ancien attaché de défense français en Corée. [41]

L’expérience relativise en outre les difficultés du moment, permet de transmettre les savoir-faire tactiques, d’échanger des « recettes de combat », dans la construction des abris, la lutte contre le froid, la pose des pièges et des alarmes. Enfin, savoir que son voisin est expérimenté, donc solide et fiable, aide à supporter l’angoisse et la tension du combat.

D’abord simple caution morale, destinée à manifester aussi bien à l’opinion publique et aux militaires américains qu’au reste du monde que la France soutenait les décisions de l’ONU[42], mais aussi l’allié américain, le bataillon français prit bientôt une autre dimension. Les batailles de Wŏnju, Chip’yŏng-ni, 1037, Crève-cœur, furent l’occasion de démontrer les qualités militaires et techniques des Français. Ceux-ci étonnèrent les Américains par leur bonne humeur, leur allant et leur pugnacité[43].

Certes, le contexte des premiers combats de 1951 fit que les revers subis face aux Chinois avaient entamé sérieusement le moral des Étasuniens et que l’exemple de ce petit groupe de Français, susceptibles de contre-attaquer même en infériorité numérique, et parfois à la baïonnette, avait de quoi servir de modèle. Capable de tenir leurs positions, de passer par les sommets, et de prendre, fut-ce au prix de lourds sacrifices, les pitons les plus escarpés et les mieux fortifiés[44], le bataillon français fit rapidement figure d’unité d’élite. Malgré les difficultés rencontrées dans le recrutement de nouveaux volontaires et dans l’acheminement des renforts, le BF/ONU resta une unité solide, ferme et déterminée. La presse américaine, militaire avec le Pacific Stars and Stripes, ou civile, à travers des articles de Time ou du Saturday Evening Post, se fit l’écho de ses exploits, contribuant au rayonnement de la France non seulement aux États-Unis, mais encore dans le reste du monde[45]. Nul doute que la présence de la France fut symboliquement importante : « … Notre bataillon fut, malgré ses petits effectifs, également très présent sur le plan opérationnel, comme le prouve son très important taux de pertes (près de 10 %) [46]. En outre, il faut noter qu’environ un volontaire du Bataillon français sur trois a été blessé au cours des combats.

Avant son départ pour l’Europe, où il va assumer les fonctions de commandant en chef de l’OTAN, le Général Ridgway, le 22 mai 1952, a rendu un hommage appuyé au Bataillon français de l’ONU devant le Congrès américain : « Je veux marquer ici ma conviction que ces combattants américains et leurs frères d’armes français se sont hissés dans chaque phase de la conduite de la bataille à la hauteur des plus admirables troupes que l’Amérique ou la France aient produites au cours de leur existence nationale »[47].

Bibliographie sommaire

Michel Rossi, Avoir Vingt ans à Chipyong-ni, - en ce temps-là l’ONU, Courbevoie, Revicom, 1994.

Colonel Torrès, « La France et la Guerre de Corée », Le Courrier de la Corée, 1er juillet 2000.

Kenneth. Hamburger, Leadership in the Crucible, Texas A&M, College Station, 2003.

Archives du Ministère des Affaires Etrangères (MAE), Asie-Océanie, Corée 1944-1955, carton n° 65.

André Lemoine, « Le carnet de route d’un soldat français en Corée », France-Soir, 16 mai 1951et André Lemoine, Un du Bataillon Monclar, Amiot Dumont, Paris 1951.

www.bataillon_corée.org

Le Piton

AN 4 AG /4, Procès-verbal du Conseil des Ministres, Séance du 22 août 1950.

Service Historique de la Défense (Terre) 7 U 290, « Communiqué à la presse et à la radio », 26 août 1950

Général Barthélémy, « Corée, une guerre oubliée », Floréal an X, n° 72, hiver 2001.

Colonel Alexandre, « le Bataillon de l’ONU en Corée », Revue Historique des Armées, n°4, 1971.

Olivier Maestrati, Le Bataillon français en Corée, Olivier Maestrati ed., 2003.

Laurent Quisefit, « le rôle de la France dans la guerre de Corée, contribution à une histoire diplomatique et militaire de la guerre de Corée », thèse de doctorat présentée sous la direction du Pr Li Jin-Mieung, Université Denis Diderot (Paris 7), 2006

 

[1] Ce texte a été présenté au printemps 2016, à Séoul, dans le cadre des commémorations des 130 ans de l’établissement des relations franco-coréennes. Il a été inséré, avec des modifications mineures, dans l’ouvrage Souvenirs de Séoul : Destins croisés France-Corée de 1886 aux années 1950, publié sous la direction d’Elisabeth Chabanol (EFEO), aux éditions L’Atelier des Cahiers, Paris, 2019, pp. 74-97. Cet ouvrage comporte des illustrations.

[2] Sur le bataillon Français de l’ONU, nous renvoyons à notre thèse de doctorat ; « le rôle de la France dans la guerre de Corée, contribution à une histoire diplomatique et militaire de la guerre de Corée », Université Denis Diderot (Paris 7), 2006.

[3] Voir plus loin.

[4] Le 24 juin, le gouvernement Bidault avait été mis en minorité. Courant juillet, c’est au tour du gouvernement Queuille de démissionner.

[5] Une unité de marche est une unité militaire composée à partir d’éléments disparates pour une action particulière.

[6] Archives nationales, 4 AG /4, Procès-verbal du Conseil des Ministres, Séance du 22 août 1950, p. 5.

[7] Les télégrammes informant les commandements militaires sont datés du 25 août.

[8] Cf. SHD (Service historique de la Défense) 7 U 290, « Communiqué à la presse et à la radio », 26 août 1950.

[9] SHD 7 U 290.

[10] Général Barthélémy, « Corée, une guerre oubliée », Floréal an X, n° 72, hiver 2001.

[11] Kenneth E. Hamburger, Leadership in the Crucible, College Station, Texas, 2003, p. 65-66, citant : Ministry of National Defense, The History of The United Nations forces in the Korean War, Seoul,1974, 3:, 1974.

[12] Forces Françaises Libres.

[13] Lieutenant-colonel Lemire, L’assaut de Crève-Cœur, p. 24.

[14] Colonel Alexandre, « le Bataillon de l’ONU en Corée », Revue Historique des Armées, n°4, 1971, p. 82.

[15] Projet d’historique, 1953, SHD(T), 7 U 289-1.

[16] Général Barthélémy, « Corée, une guerre oubliée », Floréal an X, n°72, hiver 2001. Col. Alexandre, « Le Bataillon français de l’ONU en Corée, décembre 1950-Novembre 1953 », Revue historique des Armées, n°4, 1971, p. 82.

[17] Général Barthélémy, article cité, p. 53.

[18] Note de janvier 1951 sur le bataillon français en Corée. (MAE, Asie-Océanie, Corée, dossier n° 63, ff 210-212).

[19] Général Barthélémy, article cité, et colonel Alexandre, article cité, pp. 81-109.

[20] Malgré les faits d’armes français durant les Campagnes d’Italie, de France, et d’Allemagne, les Américains, comme beaucoup, ont tendance à considérer l’armée française comme peu combattive. D’ailleurs, vu de l’extérieur, l’enlisement en Indochine semble le confirmer.

[21] D’après Le Piton n° 32, p.28.

[22] Entretien, août 2009.

[23] Le jeune sergent Michel Ozwald, de son côté, rêvera d’un retour de Corée par les Etats-Unis, qui lui ferait faire un tour du monde, alors qu’il a vingt et un ans à peine. Voir Michel Ozwald, Parcours d’un combattant, L’Harmattan, Paris, 2016, p. 80.

[24] Ardant du Picq, officier français, auteur d’Etudes sur le combat, l’un des premiers ouvrages à s’intéresser au « groupe primaire ».

[25] Entretien avec le colonel Pouvesle, ancien Secrétaire Général de l’ANAAFF/ONU, association regroupant les vétérans du bataillon de Corée. (2001).

[26] Témoignage du colonel Pouvesle. Cependant,  le colonel Pouvesle n’avait pas connu le bataillon à l’époque de Monclar.

[27] La stabilisation du front en Corée, les revers de l’Indochine, et peut-être surtout l’action de la propagande de gauche, notamment relative à la guerre bactériologique, semblent avoir eu raison des velléités de beaucoup de partir pour la Corée. L’ambassade de Corée en France, et le bureau d’engagement du Bataillon à Paris avaient reçu pas moins de 20 000 lettres de soutien à la Corée, agressée et de demandes d’engagement. Ces documents précieux semblent avoir été détruits ou perdus.

[28] Par exemple le 2e classe Copin, ou le lieutenant Durand. Certains volontaires auraient effectué trois séjours en Corée.

[29] Entretiens 2007-2008.

[30] Thème d’une célèbre chanson de 1936, Sous les palétuviers / Pauline Carton, André Berley.

[31] Entretien, Paris, le 8/12/2001.

[32] Ces dossiers nominatifs sont conservés à Pau, au Bureau Central des Archives Administratives Militaires (BCAAM).

[33]  Les profils des morts pour la France du BF/ONU sont consultables sur www.bataillon_corée.org. Il existe aussi des documents sur le site www.mémoiredeshommes.org.

[34] Il faut saluer ici le travail des membres de l’Association.

[35] Philippe Collemant était titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoiles de vermeil, et de la Croix de Guerre TOE avec palme

[36]André Lemoine, « Le carnet de route d’un soldat français en Corée », France-Soir, 16 mai 1951 et surtout André Lemoine, Un du Bataillon Monclar, Amiot Dumont, Paris 1951, p. 38.

[37] Sur ce point, voir Michel Ozwald, op. cit.

[38] Voir notre thèse de doctorat, passim.

[39]  C’est le cas par exemple de Michel Rossi, Avoir Vingt ans à Chipyong-ni, Courbevoie, 1994.

[40] K. Hamburger, Leadership in the Crucible, Texas A&M, college Station, 2003, p. 65, citant Doris M. Condit, The Test of War, Washington D.C., Historical Office, Office of the Secretary of Defense, 1988, pp. 56-58.

[41] Colonel Torrès, attaché de  Défense à l’Ambassade de France en Corée, interviewé par Yoo, Jin-sook, « La France et la Guerre de Corée », Le Courrier de la Corée, 1er juillet 2000, p. 15.

[42] Rappelons, que la grande affaire française est alors la guerre d’Indochine, avec un corps expéditionnaire qui compte selon les années de 90 000 à 100 000 hommes d’active,

[43] Au cours de la bataille, le lieutenant Le Beurrier chargea à la baïonnette avec sa section une compagnie nord-coréenne qui fut mise en déroute. Cet événement fut largement couvert par la presse américaine. Voir notre “The French Participation in the Korean War and the Establishment of a “Path of Memory” in South Korea”,  Societies 2013, 3, 427–444;  www.mdpi.com/journal/societies .

[44] 1037, Crève-Cœur.

[45] Une délégation fut reçue officiellement à Washington le 29 septembre 1951. (Cf. MAE, Asie-Océanie, Corée, n° 65. f. 46). La « délégation des forces combattantes » fit une tournée des villes américaines, et séjourna à Paris du 1er au 4 décembre 1951, où elle fut reçue avec le faste nécessaire. (MAE, Asie-Océanie, Corée, n° 65, f. 68. f. 78, f. 80. Deux français participaient à cette tournée de propagande.

[46] Colonel Torrès, attaché de Défense à l’Ambassade de France en Corée, interviewé par Yoo, Jin-sook, « La France et la Guerre de Corée », Le Courrier de la Corée, 1er juillet 2000, p. 15.

[47] Général Matthew B. Ridgway, « A report on the Far East », (Texte de la Déclaration du Général Ridgway devant le Congrès américain), Department of State Bulletin, 9 juin 1952, pp. 924-927.