Les appelés du contingent
Pendant la guerre d'Algérie
De 1954 à 1962, un nombre grandissant d’appelés du contingent fut envoyé en Algérie pour participer à la guerre d’Algérie, commencée le 1er novembre 1954. Officiellement, pour la France, il n'était alors pas question de parler de guerre d'Algérie, mais d'opérations de « maintien de l'ordre » ou de « pacification » afin de faire face à des « événements ».
La rébellion indépendantiste algérienne était quasi assimilée à du banditisme. Les rebelles n'employaient pas les méthodes classiques d'une guerre conventionnelle ; mais ils utilisaient le terrorisme et la guérilla contre la population civile. Ils procédaient à des assassinats, des attaques d'exploitations agricoles, des incendies, des pose de bombes en zone urbaine, etc…) mais aussi à l'embuscade des patrouilles militaires par des commandos et plus tard par des compagnies ou «katibas» de djounouds de l'ALN.
Le combattant ennemi était alors informellement désigné le fellagha (ou fell) ; un mot arabe qui signifie : hors-la-loi.
A partir de 1961 une nouvelle rébellion apparaît, celle-là est anti-indépendantiste. Il s’agit des commandos Delta de l’OAS. Ces commandos emploient les mêmes moyens de violence. Le FLN et le pouvoir légal sont désignés comme ennemi.
L’appel sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie
En France, y compris dans les départements français d’Algérie (Amendement Salan), dans l’année de leur vingtième anniversaire, les hommes étaient classés « bons pour le service » par un conseil de révision, sauf s’ils étaient réformés. Certains pouvaient demander un sursis : étudiants, soutiens de famille ; d'autres choisir un devancement d'appel.
Depuis 1946, la durée légale du service militaire était fixée à 12 mois.
La loi du 30 novembre 1950 fixe le service militaire à 18 mois.
Depuis cette date, un stage de trois jours dans une caserne précédait l'incorporation. En fait, il ne durait jamais plus de 24 heures. Les capacités et parfois les souhaits de chacun y étaient examinés. À la suite de tests et d'un entretien, un dossier individuel était établi.
Le service militaire était obligatoire, l’objection de conscience n’était pas alors reconnue. Les insoumis pouvaient être recherchés et jugés comme déserteurs. Cela n'empêche pas les soldats du refus de manifester leur désaccord avec la guerre d'Algérie par un refus de porter les armes.
Pendant la guerre d'Algérie, entre 1954 et 1962, après la durée légale de 18 mois, certaines classes furent rappelées, d’autres furent maintenues sous les drapeaux jusqu’à 30 mois, puis 28 mois.
Le recrutement de l'armée se faisait également par engagement. Ceci n'impliquait pas pour les engagés une affectation obligatoire et immédiate pour l'Algérie. Nombreux étaient ceux qui restaient en France dans les Centres d'Instruction comme cadres, ou ceux qui étaient affectés aux tâches administratives.
Pour les appelés du contingent, seulement la paternité d'au moins deux enfants, ou la présence d'un frère sous les drapeaux en Algérie, pouvait constituer un motif d'exemption du service militaire en Algérie. Il est à noter que le fait d'accepter d'être élève officier (aspirant) à l'issue des classes mettait fin à cette dispense. De plus, certaines armées telles que l’aviation la marine envoyaient peu d'effectifs en Algérie, ou alors pour une durée moindre de 14 mois au lieu de 24 mais pour l’armée de terre.
Les appelés du contingent et les réservistes se distinguent des engagés volontaires qui ont fait la démarche de s'engager spontanément pour servir la patrie.
Les classes en métropole ou en Algérie
Les appelés comme les engagés volontaires suivaient une préparation de deux ou quatre mois, souvent en métropole, parfois en Algérie directement. Les « classes » pouvaient être suivies, pour certains, d’une spécialisation (par exemple radio télégraphiste) ou d’une formation dans une école pour officiers de réserve (E.O.R.) ou pour sous-officiers de réserve (E.S.O.R.). Les appelés concernés par ces deux formations étaient souvent des sursitaires étudiants.
Le gros de la troupe passait par une préparation sommaire au maniement des armes pour les opérations de maintien de l’ordre en Algérie. L’ennemi était désigné : le fellagha.
Départ vers l’Algérie
Quelques appelés, nécessaires dans l’administration des casernes, pouvaient espérer effectuer leur service militaire en France métropolitaine.
Les autres prenaient la direction de Marseille en train, puis, après un court séjour au centre de transit de Sainte-Marthe à Marseille, la direction d’Alger ou d’Oran : une traversée de 19 à 24 heures, au fond des cales, dans l’un des bateaux des compagnies maritimes (Ville d’Oran, Ville d’Alger, etc..) et parfois d’autres bateaux vieux et souvent délabrés (El Mansour, Sidi Ferruch).
Dans les départements d'Algérie
Les appelés étaient dotés d’un nouveau paquetage avant d’être affectés en unité en Algérie. Ils recevaient leur livret militaire et une plaque d’identité individuelle, à découper selon le pointillé en cas de décès. Cela indiquait que c’était bien la guerre.
Les nouveaux arrivants étaient rapidement mis au pas par les chefs de sections qui, si besoin, les emmenaient en embuscade afin d'éveiller leur combativité sur le terrain.
L'équipement
Les appelés d'Algérie bénéficiaient d'un armement généralement plus moderne et plus performant que les combattants de l'ALN et du FLN qui étaient souvent armés de matériel vétuste ou de fusils de chasse. Les premiers étaient approvisionnés en armes et matériels par la France (stock de la guerre d’Indochine dont le fameux MAT-49) et l'OTAN ; les seconds récupéraient l'équipement des appelés prisonniers ou morts et recevaient des livraisons clandestines par bateaux, essentiellement en provenance de l'Egypte de Nasser ou de l'URSS via la Tchécoslovaquie, voire du Royaume-Uni via Gibraltar !
Des cargaisons de tonnes d'armes sont ainsi saisies à bord de l'"Athos" et du "Baltic Exporter".
Compilation par Vincent FAUVELL-CHAMPION
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