11 - La gloire du BF-ONU et le prestige de son Insigne

 

Vincent JJ FAUVELL-CHAMPION      LIRE-LE-PDF.gif

La gloire du BF ONU et le prestige de son insigne

Au moment de quitter le commandement de sa division le général Philippe LECLERC de HAUTECLOCQUE s’adressa ainsi à ses hommes : « Officiers, sous-officiers et soldats de la 2ème DB, aujourd’hui, je viens vous faires mes adieux. Je vous quitte, mais je ne quitterai pas l’insigne de votre division. Je le conserverai. Ce sera ma plus belle décoration ». Ces paroles particulièrement fortes de la part de ce chef jeune audacieux et victorieux s’appliquent également d’une manière incontestable au Bataillon Français de l’ONU en Corée et à son insigne qui est le symbole de ses vertus guerrières. Les lignes qui suivent vont vous en faire la démonstration.

Le Bataillon Français de l’ONU en Corée s’est couvert de gloire pendant ses trois années de guerre. Le BF ONU a été décoré de trois citations présidentielles américaines, de deux citations présidentielles coréennes et de quatre citations à l’ordre de l’armée.

Les chefs militaires prestigieux qui ont rendu visite au BF ONU sur le théâtre d’opération ne se sont pas trompés à son sujet. Le premier d’entre eux fut le général Douglas Mac ARTHUR qui vouait une affection particulière envers les troupes françaises qu’il avait connues en Argonne en 1917-1918. Une rare photographie en couleur pour l’époque le montre lors d’une rencontre en 1951 avec Ralph MONCLAR. Ce cliché en dit long sur cette estime réciproque qui transparait après les durs combats de reconquête de la péninsule coréenne au début de l’année 1951.

            Photo 01

Le général Ralph MONCLAR savait combien son unité avait été exceptionnelle de bravoure dans les combats de Wonju, Twin Tunnels, Chipyong-Ni, la côte 1037, Soyang-Ni, Inje et Crèvecœur. Il l’écrivait comme un testament et un code de conduite au feu à ses volontaires dans son ordre du jour du 11 septembre 1951 : « L’engagement du BF ONU, c’est celui de voler au secours de la Liberté. Vous êtes montés trop haut pour redescendre. Prisonniers du passé, vous vous êtes condamnés vous-mêmes aux travaux forcés de la Gloire. Quand vous serez engagés, rappelez-vous que la France est avec vous… »

Après le général Douglas Mac ARTHUR, un autre ancien général-en-chef de la Seconde Guerre mondiale nouvellement élu président des Etats-Unis d’Amérique vint en visite d’inspection sur le théâtre d’opération avant de prendre la présidence. Il s’agissait du général Ike EISENHOWER. On le voit sur une première photographie passer en revue les troupes de l’ONU dont le BF ONU.

    

Photo 02 

Le 4 décembre 1952, le Lieutenant-colonel François BORREILL, qui commandait le BF ONU, remettait au président-élu EISENHOWER l’insigne du Bataillon Français de Corée. Ce geste d’amitié se fit totalement hors protocole dans un moment d’inspiration de l’officier français. Le président-élu des Etats-Unis fut très touché par ce geste d’amitié et demanda à répéter l’événement devant les caméras des journalistes américains qui l’accompagnaient. C’est ainsi que cette deuxième photographie de la remise de l’insigne a pu entrer dans l’histoire du BF ONU.

Le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à avoir été élevé à la dignité de Maréchal de France de son vivant fut le Maréchal de France Alphonse JUIN. Si vous consultez le journal de marche et des opérations du BF ONU sur le site de Mémoire des hommes, vous constaterez que le 22 février 1953 alors que le bataillon était au contact avec l’ennemi sur le Songkok, le lieutenant-colonel François de GERMINY commandant le BF ONU nommait le Maréchal de France Alphonse JUIN caporal-chef d’Honneur du Bataillon de Corée. Hélas, la postérité ne nous a pas laissé beaucoup de photographies de cet événement. Cependant, nous retiendrons que le prestige du Bataillon Français de Corée était tel qu’un Maréchal de France acceptait bien volontiers cet honneur !

Photo 03

Le Maréchal JUIN avec derrière lui le Lieutenant-colonel François de GERMINY

Nous n’allons évidemment pas continuer d’évoquer tous les grands chefs militaires français et américains qui ont eu des liens forts avec le BF ONU. Ils sont très nombreux et beaucoup parmi eux eurent le BF ONU directement sous leurs ordres.

Ainsi, pendant son court séjour en Corée, le Maréchal de France Alphonse JUIN remettait les insignes de la Légion d’honneur à quatre officiers généraux et supérieurs américains de la 2ème Division d’Infanterie américaine Indian Head. Ainsi le général James Clyde FRY, commandant la 2ème Division d’Infanterie américaine était fait Commandeur. Le général Lionel Mac GARR, commandant en second de cette même division et le général Thomas M. WATLINGTON, commandant l’artillerie divisionnaire recevaient les insignes d’Officier. Le colonel Joseph W. STILWELL Junior, commandant le 23ème Régiment d’Infanterie, auquel le BF ONU était rattaché, était quant à lui fait Chevalier.

Le général FRY tenait sincèrement en très grande estime son Bataillon Français de l’ONU. Il avait constaté la valeur au combat du BF ONU au sein du 23ème Régiment d’Infanterie pendant les batailles du T Bone, Putchaetul, Arrow Head, la côte 281, et cheval-blanc (White Horse). A l’occasion d’un Briefing avec les officiers de son état-major il déclara : « Si vous êtes ennuyé par un secteur délicat, donnez-le aux Français, vous cesserez de l’être ». Ces mots n’étaient pas prononcés sans raison. Le BF ONU de MONCLAR et de BORREILL avait donné le ton et continuait sous le commandement de GERMINY.

Photo 04

On voit clairement sur cette photo le général FRY porter l’insigne du BF ONU

Le général Matthew Bunker RIDGWAY, qui succéda au général Mac ARTHUR s’adressant aux membres du Congrès américain, leur rendit un hommage mérité après les batailles victorieuses de février 1951 de Twin Tunnels et de Chipyong-Ni. Il déclara : « Je parlerai brièvement du 23eme Régiment d’Infanterie, commandé par le colonel Paul L. Freeman, et du Bataillon Français de l’ONU en Corée. Isolés loin devant la principale ligne de front, totalement encerclés sous une température glaciale, ils repoussèrent les assauts répétés tant de jour comme de nuit par des troupes nord coréennes et chinoises largement plus nombreuses. Ils ont finalement été relevés sur leurs positions. Je veux préciser, qu’à tous niveaux, ces combattants américains, et leurs frères d’armes français se sont montrés à la hauteur des meilleures forces que l’Amérique et la France ont déployées au cours de leur histoire ».

Le rédacteur de cet article a recueilli il y a maintenant vingt ans le témoignage du fils du colonel ADAMS qui commandait le 23eme Régiment d’Infanterie lors des combats de Crèvecœur. Il m’écrivait : « Mon père commandait le 23eme Régiment d’Infanterie à Crèvecœur. Il était très fier de son Bataillon Français. Le BF ONU acceptait toujours les missions les plus dures et ce bataillon fut un acteur clé dans la victoire de la bataille de Crèvecœur. Le général MONCLAR décerna par la suite à mon père les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre des TOE. Il en était très fier ».

Nous les amis et les descendants de ces volontaires du Bataillon Français de l’ONU, nous sommes aussi très fiers de leur engagement pour la défense de la Liberté en Corée avec dans leurs rangs des soldats ROK.    

Vincent JJ FAUVELL-CHAMPION

Membre du comité directeur de l’ANAAFF/ONU/B&RC/156ème RI

En qualité de descendant