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Épilogue


L'embuscade Viêt-Minh du 24 Juin 1954 aura coûté à elle seule aux Forces Françaises du GM 100, près de mille morts ou disparus en trois heures de combat. À Paris, l'Assemblée Nationale observera une minute de silence en leur mémoire...

Nos troupes parviendront à se regrouper à PK22 le lendemain, le Groupement Mobile 42 venant en recueil depuis MANG YANG avec des chars. Des parachutages viendront renforcer nos éléments et les hélicoptères sanitaires pourront évacuer les blessés sauvés. Mais les forces Viêt Minh ne cesseront de se montrer particulièrement incisives sur tout l'itinéraire de repli. La protection aérienne qui avait tant manqué précédemment, sera fournie principalement par la Marine et va se révéler déterminante.


Le paroxysme des combats allant jusqu'au corps à corps sera atteint le 28 Juin vers midi avec l'action combinée des 1 et 2 bataillons de Corée, des blindés du 3/5ème Cuirs et des canons de l'Artillerie Coloniale tirant à vue directe, jointe à l'intervention décisive "au plus près" des chasseurs Hellcats du Porte-Avions ARROMANCHES. Ces actions causeront à l'ennemi, de l'aveu du Viêt Minh lui-même, d'horribles pertes, estimées à plus de 3000 hommes hors de combat, telles qu'elles l'obligeront à renoncer à l'assaut final et à décrocher (voir deuxième partie: "Ankhé, l'intervention aérienne").



Ce ne sera pas fini pour les combattants du GM 100, du GM 42 et autres vaillantes Unités Coloniales regroupées, qui continueront jusqu'à la fin à subir les puissants assauts d'un Viêt-Minh infiniment supérieur en nombre et particulièrement vindicatif jusqu'à la fin envers cet arrogant mais indestructible Régiment de Corée au badge d'épaule "à la Tête d'Indien" de la Deuxième Division Américaine, à DAK AYUN, puis à PLEI BON et enfin au CHU DREH le 17 Juillet 1954 (opération Myosotis) où, à trois jours du cessez-le-feu, le 1/Corée, placé en arrière garde du GM 42, encaissera encore une terrible attaque ennemie sans pouvoir être utilement secouru...


"Ainsi, écrira le Général (cr) Robert Girard en Octobre 1999 dans une note communiquée au rédacteur, à la suite d'erreurs répétées, le GM 100 se trouva réduit pratiquement au 2/Corée, lui-même amoindri en effectifs, mais faisant toujours front à PLEIKU. Nous eûmes la petite joie de recueillir des camarades évadés de captivité, qui nous dirent les dures conditions qui leur étaient infligées (et nos amis n'étaient pas encore arrivés dans les camps dits de rééducation, où sévissaient des commissaires politiques, d'autant plus fanatiques et retors qu'ils étaient loin du danger, style Boudarel). Cela dura jusqu'au 1er août, date de l'entrée en vigueur de l'armistice sur notre territoire... Généralement mal engagés, face à un adversaire nombreux et acharné, éprouvés en hommes et en moyens, nous avons lutté jusqu'au bout..." (Robert Girard, alors Lieutenant, ancien du 22ème Régiment d'Infanterie Coloniale, effectuait son 2ème séjour en Indochine. Il était à l'époque le chef du 2ème Bureau du GM 100, puis devint chef de la 7ème Compagnie Bergerol qui avait perdu son Capitaine...)

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Jean ARRIGHI, rescapé de l'enfer, retrouvera un nouveau Régiment de Corée jusqu'en Algérie en tant que Commandant de Compagnie.

Écrivain militaire et surtout témoin direct, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la Guerre d'Indochine et celle d'Algérie. Régine Deforges le cite comme une de ses sources dans son roman "LA DERNIÈRE COLLINE" (Arthème Fayard, 1996)