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 -6-       La sortie d’Ankhé et l’embuscade du 24 juin.

Ses tentatives d’attaque sur un dispositif déployé, comme le 22 mars à Plei Rinh n’ayant pas été des succès, l’embuscade restait un des modes d’action préférentiels  de l’ennemi en particulier sur les Plateaux; il y excellait. Toujours bien renseigné sur notre dispositif et nos intentions, il la préparait minutieusement.

Il disposait de moyens de feu à courte portée importants, bien approvisionnés en munitions et pouvait littéralement assommer les éléments pris dans l’embuscade, après quoi une infanterie nombreuse donnait l’assaut.

Nos unités n’étaient nullement  désarmées devant de telles actions. Nos moyens de feu, artillerie et aviation, se montraient très efficaces quand ils étaient appliqués au moment voulu ; les unités solides et bien rodées savaient réagir lorsque le rapport des forces le permettait. Leurs réactions antérieures avaient  été grandement  favorisées par l’action des chars, mais nous avons vu que l’escadron du 5e Cuir avait été retiré au GM ; décision qui s’avéra lourde de conséquences.

Il n’y eut pas réellement de surprise quant au lieu de l’embuscade ; tout le GM savait être attendu à partir de PK 14, le problème était que le rapport des forces, compte tenu de ces paramètres, puisse nous être, sinon favorable, du moins pas trop déséquilibré.

 

                                                      Le parcours prévu.

C’est une idée souvent répandue  que nous ne savions pas grand-chose sur les forces à affronter. C’est relativement faux : leurs moyens étaient connus avec une assez bonne précision et leurs déplacements  pouvaient être détectés grâce, en particulier aux commandos qui mettaient à profit une végétation limitant les vues et la neutralité, sinon l’aide, d’une population montagnarde très clairsemée. Malheureusement les renseignements n‘indiquaient que des positions et des mouvements passés et il fallait les extrapoler pour imaginer la situation à affronter ; à un moment donné ; c’est là que le sort du GM s’est joué.

L’estimation des éléments ennemis susceptibles de l’intercepter variait de façon considérable suivant qu’elle était faite par le  GM ou  par le SOP  dont la vision est approuvée par  le colonel désigné pour commander l’opération qui se déclara,  je cite « absolument sûr de son dossier »

Pour le GM, dont l’OR était en liaison avec un commando particulièrement efficace,  2 rgts régionaux  et un groupement sont à proximité et le rgt Chu Luc 803 pourrait intervenir rapidement ; en tout de 7 à 10 bataillons

Pour le S.O.P.  les unités adverses proches n’auront pas le temps de se concentrer, ni le regt 803 d’intervenir car l’on estime que tous ne peuvent se déplacer que de vingt à vingt cinq kilomètres par jour ; le convoi  ne rencontrera donc que le bataillon identifié au plus près et quelques compagnies régionales et sera donc passé  sur leur ventre avant que l’ennemi ait rassemblé toutes ses unités. Une action d’un bataillon du 803 à Tuy Hoa le 21 renforce le SOP dans ses convictions.

En fait et une bonne partie des éléments de l’embuscade sont en place dès le 21 ; il semble qu’ils aient même réglé des tirs ; les autres sont capables d’effectuer des étapes de 50 kms. Et d’arriver pour l’hallali. Une patrouille légère de l’OR le 23 au soir détecte des préparatifs importants vers PK14. Le rapport de forces sera donc extrêmement  défavorable.

Finalement le PC de Pleiku décide d’avancer l’opération du 25 au 24 et de supprimer l’étape de PK 11 qui aurait permis de déployer au moins une partie de l’artillerie. Le rendez-vous du 25 de l’élément de recueil à PK 22 n’est pas avancé pour autant et l’aéronavale chargée de l’appui aérien n’est pas avertie. Donc pas de recueil et pas d’appuis pour compenser le déséquilibre ; pas de blindés susceptibles de sortir de la route pour dégager un bouchon.

 AN KHE 1 Colonne de vehicules partant d Ankhe                                     

Départ du convoi d’AN KHE.

 

Après la bataille du Jutland, Churchill disait de l’amiral Jellicoe qu’il avait toutes les qualités d’un Nelson, sauf une : « il ne savait pas désobéir ». L’on pourrait en dire autant du magnifique combattant qu’était le colonel Barrou qui a accepté ce rythme. On peut également lui reprocher d’avoir fait protéger son PC par le TDKQ  dont l’évaporation au premier choc livra l’EM et les moyens de commandement à l’ennemi.

En milieu de journée la présence ennemie à PK 15 est devenue une certitude alors que pour couronner tous les éléments défavorables le Morane d’observation pris dans les brumes n’arrive pas à franchir le col du Myong Yang, mais une patrouille de chasse qui survole le convoi signale des éléments au Nord-Est de l’arrière garde.

Vers 14 h alors que le BM 43 dégage des obstacles le peloton d’AM accélère dans son sillage retirant au PC sa dernière protection efficace ; c’est à ce moment où une énorme embuscade, où l’ennemi a engagé deux régiments, se déclenche sur 3 kms, emportant le PC que le II/Corée ne parvient pas à dégager. Les officiers supérieurs blessés ou tués, les moyens radios détruits le GM n’est plus commandé et n’a plus de liaison avec l’extérieur.

Je n’entrerai pas dans le détail des combats acharnés qui se déroulèrent ; le bilan est éloquent :

  • la colonne est coupée en deux ;
  • le BM 43 parvient à dégager deux compagnies et à rejoindre PK 22 avec une vingtaine de véhicules
  • . Le peloton d’AM est anéanti ; il ne reste plus que quelques soldats autour du cdt du TDKQ et de la CCS 100 ;
  • le II/corée qui a contre-attaqué à plusieurs reprises a vu deux de ses compagnies en partie décimées
  • le I/Corée par contre est encore capable d’agir avec ses 4 compagnies dont cependant deux réduites par les pertes antérieures à l’opération

Le commandant Kleinmann du II/Corée plus ancien prend le commandement des restes, les deux bataillons du rgt et une batterie qui a mis en batterie sur la route même. L e PC Églantine parvient à lui faire parvenir l’ordre de rejoindre PK 22 en dégageant les véhicules pour y attendre le GM 42 qui arrivera demain. Cet ordre est inexécutable et à 19 h le Cdt Kleinmann obtient l’autorisation de contourner le dispositif Viet par le Sud à travers la brousse pour rejoindre PK 22 après avoir détruit les véhicules et l’armement lourd.

 AN KHE 2 Antenne chir et mÃdic aprÃs embuscade

L'antenne chirurgicale après l'embuscade.