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La 317ème Section - 1965

La 317ème Section est un film de Pierre Schoendoerffer sorti en 1965 assisté de Philippe Fourastié - scénario et dialogues de Pierre Schoendoerffer d'après son roman éponyme avec Jacques Perrin, Bruno Cremer, Pierre Fabre, Manuel Zarzo, Boramy Toulong

004    L'histoire : le film raconte huit journées de guerre. En mai 1954, durant la guerre d’Indochine, la 317e section locale supplétive composée de quatre Français et de quarante-et-un Laotiens reçoit l'ordre d'abandonner le petit poste isolé de Luong Ba à la frontière du Laos, pour rallier une colonne partie au secours du camp retranché de Diên Biên Phu. Il faut rejoindre Tao Tsaï, à cent cinquante kilomètres plus au sud, et s'user en affrontant la forêt hostile, l'eau, les intempéries, les fièvres et les forces communistes Viêt Minh qui déferlent de concert sur la section. Durant la marche, les soldats apprennent avec consternation la chute du camp retranché de Diên Biên Phu. La section est commandée par un jeune officier, assisté de trois sous-officiers français et d'un sous-officier laotien. Arrivé quinze jours plus tôt, l'officier, le jeune sous-lieutenant Torrens vient tout juste de sortir de formation à Saint-Cyr ; il est secondé par l'adjudant Willsdorff, vieux routier et vétéran de la seconde guerre mondiale, dans la Wehrmacht. Les sergents Roudier, Perrin et Ba Kut complètent l'encadrement. La fuite de la section est ponctuée d'embuscades et de morts. L'inexpérience et la bonne volonté de l'officier, qui détient le commandement, sont sans cesse confrontées au pragmatisme et aux efficaces réflexes de guerre de son sous-officier. La compréhension et le respect se nouent peu à peu entre eux.

Commentaire : Tourné au Cambodge, il s'agit de l'un des rares films réalisés sur la guerre d’Indochine. Pierre Schoendoerffer, qui a été cinéaste aux armées pendant cette guerre, a notamment participé au siège de Diên Biên Phu, a voulu donner un réalisme quasi documentaire à son film avec une prise de vue faite caméra à l'épaule. Pendant un mois, il a obligé acteurs et techniciens à vivre et à bivouaquer au cœur de la forêt cambodgienne, rendant le tournage particulièrement pénible. « J'ai imposé à tout le monde la vie militaire, dira le cinéaste. Un film sur la guerre ne peut pas se faire dans le confort. Tous les matins, nous nous levions à 5 heures et nous partions en expédition à travers la jungle. Nous étions ravitaillés par avion toutes les semaines. La pellicule était expédiée à Paris dans les mêmes conditions. De là-bas, on nous répondait télégraphiquement 'Bon' ou 'Pas bon'. »

Le film raconte l'histoire de la dramatique évacuation de la garnison d'un poste isolé, une section locale supplétive ravitaillée par voie aérienne, et de son pénible repli jusqu'à son anéantissement. Si le roman débute le 26 avril 1953, l'histoire du film débute le 4 mai 1954 et se finit à la bataille de Dien Biên Phu. Ce changement de datation donne l'impression d'un dramatique effondrement général dans cette longue marche où fondent les effectifs, ce qui n'est pas sans rappeler le thème de La Patrouille perdue. Tout un monde s'effondre, les populations les plus amicales ne savent plus que conseiller « Di vê mau lên » (« Partir vite ! »). La version longue d'Apocalypse Now, Apocalypse Now Redux, qui incorpore des scènes inédites avec Aurore Clément, contient une référence explicite à La 317ème Section à travers la métaphore de l'œuf (« Le blanc part mais le jaune reste »). Pierre Schoendoerffer, certains de ses collaborateurs tels que le chef-opérateur Raoul Coutard (Raoul Coutard recevra l’oscar du meilleur film étranger pour son film Hoa-Binh – 1970), les comédiens Jacques Perrin et Boramy Tioulong, ont évoqué en détail l'expérience unique qu'a été pour eux le tournage au Cambodge de La 317ème Section dans le documentaire Pierre Schoendoerffer, la sentinelle de la mémoire - réalisé en 60 minutes par Raphaël Millet en 2011.

Analyse de La 317ème Section : Le film offre plusieurs angles, dont l'importance, pour le chef inexpérimenté, même talentueux, de tirer parti des avis des hommes d'expérience, même moins élevés en grade. Pour l'adjudant Willsdorff, dans la guerre, seule compte l'efficacité. La force du réalisme épaulée par le noir et blanc confère une grande puissance évocatrice à cette fuite sans espoir, qui dépeint les huit ultimes journées de soldats français en Indochine. « Je suis profondément antimilitariste et c’est la première fois que je comprends des militaires de métier. La mort du sous-lieutenant me scandalise toujours autant, mais Schoendoerffer a réussi à me faire admettre que le sous-lieutenant, selon son échelle de valeurs à lui, n’est pas mort pour rien. Je n’en suis pas encore revenu. J’ai compris ce que signifiait l’honneur pour lui. Le Nouvel Observateur. » « À l'inverse des esthètes en chambre, Pierre Schoendoerffer connaît le terrain. Il décrit les corps, les lieux, les embuscades, avec une aisance de vieil armurier. Avant La 317e Section, le film de guerre français n'existait pas. La 317e écrase sans effort les neuf dixièmes du cinéma français. Pour une fois, ’’ça bouge ‘’ » Michel Mardore.

Pierre Schoendoerffer est un immense réalisateur. Il recevra en 1968 un oscar du meilleur film documentaire pour son film La section Anderson.

En 2018, l'historien britannique Antony Beevor déclare qu'il considère La 317ème Section comme le plus grand film de guerre jamais réalisé.

Pierre Schoendoerffer (1952-2012) à écouter sur YouTube :

https://www.youtube.com/watch?v=Ai1vmL8rNnc

La bande annonce du film est visible sur YouTube :

https://www.youtube.com/watch?v=c_vMeoR9xoQ

Un extrait du film est visible sur Dailymotion :

https://www.dailymotion.com/video/x33axi